c'est une plateforme / un cahier de pratique-recherche en constant déplacement. un paysage errant qui partage des expériences à partir de / avec / sur la marche. c'est une façon de mettre en joue plusieurs formats d'écriture chorégraphique-performative. une possibilité d'expérimenter des formes dans lesquelles des pratiques-recherches artistiques peuvent apparaître. mais notamment une façon de rendre publique des pratiques-recherches en développement, comme un exercice d'expérimentation et d’apprentissage collectif. le processus en tant qu’action performative lui-même. une façon de rendre visible ce qu'on ne sait pas encore mais qui se fait pendant le processus. une carte pour se perdre.
quand je marche en dehors l'utilitarisme de la vie quotidienne, ça veut dire, quand j'ai du temps à gaspiller, quand je ne dois pas produire : c'est le moment où la marche devient une poétique en tant que pratique.
marcher est une forme
d'écouter
de penser
de lire
17.11.2022 j’ai invité jessica lauriano pour marcher avec moi. elle est une artiste, chercheuse et productrice brésilienne de minas gerais qui recherche des processus dans les langages hybrides à partir de pratiques artistiques orientées vers les relations quotidiennes. elle s’intéresse à la marche. d'ailleurs, elle a invité lucas riegert, d'autre artiste brésilien de minas gerais qui travaille avec la mode et la photographie, pour marcher avec nous. à ce moment-là, jesssica habite à são paulo (brésil), lucas à paris (france) et moi, j’habite à montpellier (france).
c'est une invitation à marcher pour entre les traces d’une action collective qui s'est déroulée / se déroule / va se dérouler en différents temps-espaces. une invitation pour voyager entre les voix-corps-parcours-images-formes-gestes-sonorités-références-souvenirs-hyperlinks-réflexions-langages qui habitent le milieu poétique-corporel-conceptuel-sensoriel de ce paysage-correspondance-fictionnel. caminhar em três tempos.
cliquez.glissez.frente.touchez.droit.écoutez.suivrez.gauche.retournez.haut.oubliez.atrás.dormez.arrêtez.bas.retournez.play.tournez.entre.rêvez.spiral.expérimentez.perpendiculaire.pause.zoom.há muita coisa por debaixo da superfície.soufflez…………………………………………………………………………
aqui as coisas os tempos as sensações estão misturadas here things times sensations are mixed up donc il faut perder la direction pour achar les sensações du corps ici les choses les temps les sensations sont mélangés so é preciso qui on perdre la direction pour retrouver les sens du corps
cliquez.glissez.frente.touchez.droit.écoutez.suivrez.gauche.retournez.aut.oubliez.atrás.dormez.arrêtez.bas.retournez.play.tournez.entre.rêvez.spiral.expérimentez.perpendiculaire.pause.zoom .

muita coisa por debaixo da superfície.soufflez………….………………….………………………….…………………..
Marcher en 3 temps
3 temps égales. 3 temps différents. Moi à São Paulo, Lucas à Paris, Amê à Montpellier. Lucas, qui est également un grand ami et qui s'intéresse à la dérive et à la marche, émerge dans cette histoire car je lui ai demandé de poster une lettre que j'écrirais à Amê (puisqu'ils sont tous les deux en France). En raison du peu de temps, j’ai décidé de faire la proposition par whatsapp, qui est peut-être le moyen le plus rapide et le plus efficace à ce moment-là.
Il s'agit d'une proposition ouverte, sans grande structure, mais avec une orientation par la création de cartes imaginaires, qui ont souvent été des stimules pour moi de commencer une marche. J'ai le désir de partager avec des gens qui sont dans des endroits différents et quand Amê est venu à moi, j'ai pensé à une action pratique qui nous relierait d'une autre manière. Alors, j'invite Lucas et Amê à faire l'expérience d'une marche intentionnelle à partir de leurs propres impulsions, sur la base de cette proposition. Pour moi, l'invitation à marcher est toujours un espace-temps qui s'ouvre pour laisser place à de nouvelles sensibilités, qui se traduisent aussi par des enchantements. Un écart, un souffle pour être dans ce monde ou en dehors de celui-ci.
J'ai dessiné une carte imaginaire. Je vais d'abord le partager avec Lucas. L'idée est qu'il commence sa marche dans la ville à partir de cette carte, en suivant les directions (droite et gauche) comme s'il utilisait la carte réelle de cet endroit. Après cette pratique, j'invite Lucas à dessiner également une carte imaginaire et envoyer la photo (ainsi que le présent document) à Amê par whatsapp, si possible jusqu'au 29 novembre (mardi). J'invite Amê à commencer sa marche dans la ville à partir de la carte de Lucas. Après cette pratique, dessinez également une carte imaginaire et envoyez-moi une photo pour que je puisse faire une marche à partir de la carte qu'il a créée.
Traces : lors de mes marches, j'ai l'habitude de marquer mon itinéraire avec l'application Strava. C'est la façon de visualiser où j'ai passé. Je les enregistre également par photo, vidéo, audio et par écrit. Donc si vous vous sentez le désir et la nécessité, utilisez les langages et les plateformes auxquels vous vous identifiez le plus.
Cette proposition a été pensée à partir de l'œuvre de Yoko Ono, Map Piece, de 1962.
les paysages révèlent des petits gestes quotidiens que nous partageons ensemble sans nous en rendre compte
les paysages révèlent des petits gestes quotidiens que nous partageons ensemble sans nous en rendre compte
les paysages révèlent des petits gestes quotidiens que nous partageons ensemble sans nous en rendre compte
caminhar é como furar o tempo marcher est comme plier le temps walking is like fictionalizing time
isso aqui
essas palavras éuma
revoada que vi no céu enquqnto caminhava
this is a murmurationisso aqui essas palavras éuma revoada que vi no céu enquqnto caminhava
this is a murmuration
isso aqui
essas palavras éuma
revoada que vi no céu enquqnto caminhava
this is a murmurationisso aqui essas palavras éuma revoada que vi no céu enquqnto caminhava
this is a
isso aqui
essas palavras éuma
revoada que vi no céu enquanto caminhava
this is a murmurationisso aqui essas palavras éuma revoada que vi no céu enquqnto caminhava
this is a murmuration
c'est un murmure que j'ai vu au ciel quand je marchais
pra
que
serve um
mapa
a quoi sert une carte ?
merci de marcher avec nous,

c'est un.e action-carnet-paysage-composition-pratique en création collective
par ametonyo silva, jessica laureano et lucas riegert.
on continue.............................
à bientôt !
enchantement
encantamento
caderno deriva | 30x21cm | 97 páginas | 2021 - minas gerais / são paulo | digitalização: base soma | fotos: jéssica lauriano | colaboração: ana katherine | tabuleiro - conceição do mato dentro / mg - ago/21
ametonyo 30.11.2022 montpellier france
lucas 28.11.2022 paris france
jessica 15.12.2022 são paulo brasil
parc du peyrou. lumière orange du soleil couchant. une fille se tient debout, tout le corps appuyé contre la grande structure carrée. elle écoute quelque chose dans son casque. elle semble triste. ici, les oiseaux ont beaucoup de ciel pour voler. elle est partie et je ne l'ai même pas vue.
jessica 21.11.2022 são paulo brasil
Enchantment dribbles and bewitches the logics that wish to apprehend life through a single model, logics that are almost invariably linked to a productivist and utilitarian sense. Enchantment is a pulsation that rips the human being apart to transform them into an animal, a wind, a water spring, a river rock, a grain of sand. Enchanting pluralizes, decentralizes, and elicits the being as something that will never be total, but rather ecological and unfinished.
"enchantment dribbles and bewitches the logics that wish to apprehend life through a single model, logics that are almost invariably linked to a productivist and utilitarian sense. enchantment is a pulsation that rips the human being apart to transform them into an animal, a wind, a water spring, a river rock, a grain of sand. enchanting pluralizes, decentralizes, and elicits the being as something that will never be total, but rather ecological and unfinished."
"enchantment" by luiz antonio simas and luiz rufino
"enchantment as an act of disobedience, transgression, invention, and reconnection: in short, an affirmation of life."
“as for enchanting, it is a term from the Latin incantare, the chanting that bewitches, intoxicates, creates other senses for the world.”
"enchantment, without any conceptual fetishism or boastfulness, is the politics of life planted in the margins, in the capoeiras, sambaquis, quilombos, mangroves, sertões, gameleiras, corners, and forests around here. enchantment, as a manifestation of the aliveness expressed in the crossing between nature and languages, is implicated in the dimension of community and rite."
“o contrário da vida não é a morte, mas o desencanto.” luiz antonio simas e luiz rufino em “flecha no tempo” (2019)
"thus the task of enchantment is launched: to affirm life in this and other worlds — multiple worlds, like leaves — as birds dancing above the bonfires. birds with the courage to challenge the fire, and the caution not to burn their wings. Scorched, wounded, but whole and intense, singing for knowing that life is flight."
assim está lançada a tarefa do encantamento: afirmar a vida neste e nos outros mundos - múltiplos feito as folhas - como pássaros capazes de bailar acima das fogueiras, com a coragem para desafiar o incêndio e o cuidado para não queimar as asas. chamuscados, feridos, mas plenos e intensos, cantando por
saber que a vida é voo.
j’aime bien marcher, mais je n’ai pas l'habitude de le faire en tant que pratique artistique. ça veut dire : pour moi, la marche est une habitude quotidienne, une façon d'expérimenter la vie publique en tant que citoyen qui travaille, fait ses courses, fait des promenades le week-end, etc. mais quand j’expérimente la vie publique en tant que citoyen qui travaille, fait ses courses, fait des promenades le week-end, etc., je ne sépare pas le fait d’être chorégraphe-danseur-performeur-enseignant-ouvrier-artiste. la marche m'invite à observer la vie invisible qui se déroule sur le terrain quotidien. elle m’invite à y prendre un point de vue sensible, critique, politique, fictionnel.
"a força de uma estrada do campo é diferente quando caminhamos por ela e quando voamos sobre ela num avião. aa mesma forma, a força de um texto quando lido é diferente de sua força quando copiado. quem voa vê apenas o modo como a estrada penetra pela paisagem, como ela se desdobra de acordo com as leis da paisagem ao seu redor. somente quem anda a pé pela estrada conhece a força que ela tem, e como, da mesma paisagem que para quem voa é apenas uma planície aberta, ela desvenda distâncias, mirantes, clareiras, panoramas a cada curva como um comandante posicionando soldados numa frente de batalha."
em “rua de mão única” (1928), walter benjamin escreve:
la marche se configure comme une pratique multisensorielle parce qu'elle m’invite à ouvrir les sens pour toucher/entendre/goûter/voir/sentir le monde. c’est une constante négociation entre ma disponibilité et ce qui se passe hors de mon corps. un tuning des sens, un jeu d'intensité. actuellement, je m'intéresse à pratiquer cette syntonisation de perceptions au quotidien. parfois je ferme les yeux pour marcher. je sens autrement mes pieds en touchant le sol; les textures se transforment. même debout, je semble ramper. parfois je fais des petites pauses pour sentir la peau d'une pierre ou pour écouter le son plus loin de moi. dans ce processus, la marche crée des espaces tactiles autour de la vie ordinaire. é uma forma de alargar a pele.
um mapa que se faz no caminho ≠ um caminho que se faz pelo mapa

une carte qui est faite sur le chemin ≠ un chemin qui est fait à partir de la carte


um mapa imaginário, como proposto pela jessica no contexto da sua prática de caminhada, oferece maleabilidade para percorrer na cidade os caminhos desenhados no papel. ele deixa de ser uma instrução utilitária e se torna um pretexto para caminhar. uma pista. um convite. ele carrega em si uma potência de invenção sobre a geografia de um território. o/a caminhante reinventa o mapa imaginário enquanto percorre o caminho. o/a caminhante inventa o caminho enquanto percorre o mapa. o caminhante recria o mapa durante a própria experiência de atravessá-lo. o mapa se torna, então, uma ferramenta de ficcionalização/construção inscrita no real pois ele é reinventado a partir do próprio território e de suas paisagens. um mapa imaginário está sempre em processo de criação, ele nunca é finalizado. é sempre um devir. dentro dele há espaço pros encantamentos. por isso um mapa pra se perder. um mapa para errar.














experienciar os mapas imaginários durante a prática me fez refletir sobre os mapas institucionais de um território, os mapas oficiais; as cartografias inventadas para configurar/delimitar um espaço/uma geografia/uma paisagem. (ora pois, já são invenções!). me fez lembrar dos primeiros mapas representando o território indígena que mais tarde foi chamado de brasil. me fez refletir sobre o google maps.








no fim da caminhada, eu me vi com dois mapas diferentes nas mãos : em uma delas, o mapa imaginário do lucas impresso no papel, e na outra, o google maps aberto no meu celular me indicava o caminho pro théâtre la vignette. c'était un geste très fort.






o google maps está em todas as partes. ele orienta a nossa percepção na/da cidade. sem ele não sabemos mais como comprar um pão na padaria mais próxima ou como visitar a nossa vó que mora na mesma casa há 28 anos. ele é onipresente e nos indica caminhos mais eficazes. cuida do nosso tempo precioso. ele nos vigia. escreve nossos pés no chão. com ele em mãos, eu não preciso mais escutar/tocar/sentir/ver a cidade, a rua, as pessoas, as coisas, as plantas, os bichos; eu olho pra tela do meu celular e tento me achar por entre as linhas do aplicativo. e se a bateria acabar? esse mapa tenta criar a (ilusória) sensação de segurança. ele tenta eliminar a chance do erro. e mesmo assim eu estou sempre lá, com ele, com medo de me perder. uma rota mais rápida está sempre disponível ao alcance de um clique. meu 4G acabou e agora? em 300 metros você pode tomar um delicioso café no starbucks. quem desenha esses mapas?














toujours nous sommes surveillés par la choreopolice¹ du google maps.


















talvez os mapas imaginários, esses mapas criados para nos perdermos, possam ser pistas a seguir. peut-être que les cartes imaginaires, celles créées pour que nous nous perdions, peuvent devenir des pistes à poursuivre.


giovanni gattista ramusio in "delle navigationi et viaggi" (1565)
¹« As Rancière writes in “Ten Theses on Politics”:

“The police is not the law which interpellates individuals (as in Louis Althusser’s “Hey you there!”) [...] Its slogan is: “Move along! There’s nothing to see here!” The police is that which says that here, on this street, there’s nothing to see and so nothing to do but to move along. It asserts that the space for circulating is nothing but the space of circulation.”

The police then needs not be embodied in the cop. As a political-theoretical concept the police is that which is pregiven in the circulatory organization of the polis as what predeter- mines pathways, establishes routes for circulation, and fits both into one single mode of being. In that sense it does not hail. Instead, it choreographs. And by doing so the police guarantees that as long as everyone moves and circulates in accord with a general conformity of being-in-circulation, this movement will produce nothing other than a mere spectacle of its own consensual mobility. In this sense, Rancière’s notion of police is already a notion of choreopolice: its main interest is movement, but its aim is to promote a movement that, while moving, veers away from freedom. The purpose of choreopolicing, then, is to demobilize political action by means of implementing a certain kind of movement that prevents any formation and expression of the political. Choreopoliced movement can thus be defined as any movement incapable of breaking the endless reproduction of an imposed circulation of consensual subjectivity, where to be is to fit a prechoreographed pattern of circulation, corporeality, and belonging. »

«Police choreography, police dynamics, police kinetics. We can now say, expanding Rancière’s thought, that choreopolicing imposes a forced ontological fitting between pregiven movements, bodies in conformity, and preassigned places for circulation. In contradiction, we can say that choreopolitics requires a redistribution and reinvention of bodies, affects, and senses through which one may learn how to move politically, how to invent, activate, seek, or experiment with a movement whose only sense (meaning and direction) is the experimental exercise of freedom. As Rancière clarifies: “Politics, by contrast to the police, consists in transforming this space of moving along, of circulation, into the space for the appearance of a subject. »



















une carte imaginaire, comme celle que jessica nous a proposé autour sa pratique avec la marche, offre de malléabilité pour parcourir dans la ville des routes dessinées sur le papier. elle cesse d'être une instruction utilitaire et devient un prétexte pour marcher. une piste. une invitation. elle porte en elle-même de puissance d'invention sur la géographie d’un territoire. le/la marcheur.se réinvente la carte imaginaire en parcourant le chemin. le/la marcheur.se invente le chemin en parcourant la carte. le/la marcheur.se recrée la carte pendant l'expérience de la traverser. la carte devient alors un outil de fictionnalisation/construction inscrit dans le réel parce qu’elle est réinventée à partir du territoire lui-même et ses paysages. une carte imaginaire est toujours en processus de création, elle n'est jamais achevée. elle est toujours un devenir. en son cœur, il y a des espaces pour les enchantements. donc, une carte pour se perdre. une carte errante.







expériencier des cartes imaginaires pendant cette pratique me fait réfléchir sur les cartes institutionnelles d’un territoire, les cartes officielles; les cartographies inventées pour configurer/délimiter des espaces/géographies/paysages. (en fait, ce sont déjà des inventions !). ça m'a rappelé les premières cartes représentant le territoire indigène qui a été plus tard appelé brasil. ça m'a fait penser à google maps.






à la fin de cette marche, je me suis rendu compte que j'avais deux différentes cartes dans mes mains : dans l'une d'elles, la carte imaginaire de lucas, imprimée sur papier, et dans l'autre, google maps ouvert dans mon téléphone portable indiquait la route vers théâtre la vignette.














google maps est partout. il guide notre perception dans/sur la ville. sans lui, nous ne savons plus comment acheter un pain à la boulangerie la plus proche ou comment rendre visite à notre grand-mère qui vit dans la même maison depuis 28 ans. il est omniprésent et indique les trajets les plus efficaces. il prend soin de notre temps précieux. il nous surveille. il écrit nos pieds sur le sol. avec lui en main, je n'ai plus besoin d'écouter/toucher/sentir/voir la ville, la rue, les gens, les choses, les plantes, les animaux ; je regarde l'écran de mon mobile et j'essaie de me retrouver parmi les lignes de l'application. et si la batterie tombe à plat ? cette carte prétend créer une (illusoire) sensation de sécurité. elle essaie d'éliminer le risque d'erreur. et malgré tout, je suis toujours là, avec elle, à avoir peur de me perdre. un itinéraire plus rapide est toujours disponible en un clic. ma 4G est finie, et maintenant ? à 300 mètres, tu peux prendre un délicieux café chez starbucks. qui dessine ces cartes ?



est-ce possible de créer une marche en dehors de cette vigilance ?

est-ce que la marche peut être devenir une pratique libre de la surveillance qui détermine toujours nos comportements, nos trajets et nos habitudes de circulation dans la ville ?

quelles sont les choreopolices imposées sur les territoires et sur les corps par ces cartes ?

qu’est-ce qu'une carte ?

serait-il possible de créer une carte sans vigilance, une carte qui ne définit pas nos parcours ?

quelles cartes créer ?
¹ j'évoque ici l’essai “choreopolice and choreopolitics” de andré lepecki.


ametonyo 27.12.2022 montpellier france
cette plateforme est un.une paysage-collage-dispositif-composition-écriture chorégraphique multisensorielle créée à partir des expériences vécues et les traces que ces marches ont fait apparaître. un exercice dramaturgique. c'est un agencement de plusieurs voix-expériences et différentes perspectives du regard-corps dans une pratique spécifique autours la marche.


comment composer avec / a partir des traces d'une expérience aussi intime, collective et multisensorielle ? comment mettre ensemble ces différents matériaux - textes, images, souvenirs, vidéos, références, sonorités, réflexions, etc. - afin de créer un paysage-écriture-collage-chorégraphie horizontal ? comment faire du processus l'action performative elle-même ? s'agit-il alors de la création d'une pièce chorégraphique ?


quand je marchais, j’ai réalisé que beaucoup de sensations et pensées se déplaçaient dans mon corps. la marche m’a fait transiter pour de nombreux paysages visibles et invisibles, matériaux et immatériels : paysage-image, paysage-sens, paysage-pensée, paysage-touche, paysage-territoire, paysage-mouvement, paysage-geste, paysage-couleur, paysage-sonore, paysage-corps, paysage-sujet………………………………………………..quand on marche, plutôt que de simplement contempler, d’une certaine façon nous devenons paysage. il y a des moments que nous partageons du même corps. uma paisagem que anda. uma paisagem errante. que caminha e que se perde. un paysage errant est un paysage qui marche. la pratique m’a proposée qui marcher est aussi une façon de penser. une pensée qui marche, qui se transforme, qui danse. alors, j'essaie ici de créer une écriture qui fabule le potentiel de sauter d'une sensation-pensée à d'autre. un texte qui n'est pas conclusif. une écriture en métamorphose.
"bedolina, val camonica, italy. one of the first maps representing a system of routes dates back to about 10.000 years ago, and is engraved on a stone in the val camonica in northern italy, in a grouping of about 130.000 incisions made between the heights of 400 and 1000 meters above sea level. this is an image that represents the system of connections of the everyday life of a paleolithic village. the map, rather than deciphering the objects, represents the dynamic of a complex system in which the lines of the routes in the void intertwine to provide access for the different full elements of the territory. we can recognize scenes of men in activity, paths, steps, huts, pile-dwellings, bordered fields and zones for livestock. mariano pallottini, alle origini della città europea, quasar, rome, 1985." in the book "walkscapes : walking as an aesthetic practice" (2002) by francesco careri.
j'ai essayé de comprendre
quelque chose mais
je n'ai pas pu
un ascenseur
est arrivé et
j'y suis monté
moi, un étranger,
j'ai reçu un regard
étrange d'une autre
personne étrange
quelque chose
a attiré mon
attention
rien d'intéressant,
regardez juste le
ciel
je tourne le dos
à la porte de ma maison
etel adnan, "colour as language". van gogh museum amsterdam, august/2022
"la force d’une route de campagne est tout autre selon qu’on y chemine à pied ou qu’on la survole en aéroplane. ainsi diffère également la force d’un texte si on le lit ou si on le copie. l’aviateur voit seulement comment la route se propulse à travers le paysage, elle se déroule sous ses yeux suivant les mêmes lois que le terrain qui l’entoure. seul celui qui chemine sur la route prend la mesure de son emprise et réalise comment de ce terrain qui pour l’aviateur n’est précisément qu’une plaine déroulée, elle fait surgir, sur ordre, des lointains, des belvédères, des clairières, des perspectives à chacun de ses tournants, tel l’appel d’un commandant fait sortir les soldats du rang."
“rue à sens unique” (1928), walter benjamin
lucas travaille avec la photographie analogique depuis qu'il a 14 ans. il partage ses photos sur l'instagram @nostalgic_analog
15.12.2022 jessica (são paulo) + lucas (paris) + ametonyo (montpellier)
salut amê !
ici c'est lucas, l'ami de jessica
salut lucas ! c'est beau de recevoir
tes messages !!!!!!!!
j'aimerais continuer cette pratique !!!!!!!!
grand merci !
on se tient au courant !
(...)

lucas

il y a toute une théorie qui dit que l'endroit où on grandit, la géographie d'où on vient, ça modèle notre façon de penser. et puis, nous avons cette chose au minas gerais, d'être là très... ouais... de ne pas voir loin de l'horizon; d'être là très fermé, avec un horizon très court; et c'est toujours le même. on a ces énormes montagnes et elles sont là pour nous bloquer la vue. et je ne sais pas où je l'ai vu, il y a longtemps, je me souviens que je l'ai trouvé très intéressant, je crois que c'était quelque chose à propos des bandeirantes, je ne sais pas, mais c'est la seule façon de changer le paysage : on ne peut pas prendre une montagne et la déplacer, mais quand on marche le long de cette montagne, on la déplace en fait avec notre regard. parce que si on est le point de départ, on bouge la montagne et peut-être qu'on est immobile, non?! donc, je pense que c'est l'aspect très intéressant que la marche a pour moi : ce pouvoir de déplacer ce qui est autour de nous, parce que si on utilise nous même comme point de référence, tout est en mouvement, tu vois ? et pour ceux qui vivent là, fermés, avec un horizon court, il semble qu'il y a ce poids supplémentaire : de marcher et de changer radicalement (le paysage); parce que quand on est dans un endroit très plat et qu’on marche, on ne change pas notre vision aussi radicalement que quand on est dans un endroit vallonné, accidenté, plein de choses, comme ça... et je pense que j'ai peut-être pensé à ça parce qu'ici c'est très plat et je suis toujours à la recherche de montagnes, toujours comme ça : "mon dieu, où est-ce que toute cette platitude finit ?”.


ametonyo

il y avait plusieurs moments, lucas, quand je regardais ta carte, m'arrivait la même chose à ce moment-là : “un étranger m’a regardé”, “quelque chose m’a attiré l'attention”. donc, en fait, ces différents temps, ils ont fusionné. exactement ! c'est incroyable... comme je l'ai dit, je pense que je t'ai même dit dans l'audio, non, jessica ?! ouais... j'ai dit que, "c'est incroyable, il semble qu'exactement ce que lucas a fait est en train d'arriver !".


jessica

des choses arrivent. tout le temps. et quand on élargit notre perception et notre attention, alors je pense qu'il devient plus facile d'identifier ce qui se passe dans ce terrain subtil de l'énergie; qui bouge tout le temps et que on ne remarque peut-être pas parce que il y a des chose dans la vie qu'on… mais alors quel est cet état d'attention ? je pense souvent à la marche en tant qu'un lieu d'enchantement pour la vie. parce que je pense que parfois il faut faire l'effort pour cet enchantement. et voilà, j'ai la frousse à certains moments (pendant la marche), c'est ça pour moi l'enchantement.


lucas

le fait que tu appelles ça un enchantement est quelque chose qui me donne la frousse.


ametonyo

et moi, je vais pleurer. moi, je suis presque à pleurer.


(...)













jessica

et pour moi, cela a beaucoup à voir avec le fait qu’on cherche ça d'une certaine manière………que ça n'est pas totalement fluide, qu’on a parfois besoin de quelque chose de plus pour pouvoir atteindre cet autre état……………de sensibilité, de perception, d'attention, d'enchantement. parce que ça déplace d'autres choses : ce qui n'est pas cette intelligence rationnelle là, non……………………………, c'est dans un autre terrain, qui est beaucoup plus subtil, qui est encore invisible pour nous……………………………………………. et ils sont d'autres endroits aussi…………………………………………………………………….. qui n'est pas ici pour moi. et je pense que notre conscience va, mais nous, l'être humain, nous sommes encore au début de savoir comment cette conscience va... mais elle va. et pour moi, la preuve en est ces choses magiques qui se produisent et qui nous font dire : opaaaaaaaaaaaaaaaaa, et si à un moment donné nous nous croisions dans d'autres………………………………………………….......................…………………………………………………………………..................................
ametonyo (à montpellier, france) invite jessica à proposer / créer ensemble une pratique-action autour de la marche → jessica (à são paulo, brésil) invite lucas (à paris, france) à marcher avec elle et ametonyo à partir des cartes imaginaires → lucas expérimente la pratique proposée par jessica et puis il envoie les matériaux (des instructions et une carte imaginaire) via whatsapp à ametonyo, qui ne le connaissait pas ou n’imaginais pas ce qui se passait entre jessica et lucas → ametonyo reçoit la proposition et après l'avoir faite, en continuant la correspondance-marche-fiction, il envoie deux traces-audios et une carte imaginaire à jessica → jessica marche dans la ville en écoutant les traces-audios d’ametonyo à partir de la marche qui il a fait avec la carte imaginaire de lucas
extracts of the book "walkscapes : walking as an aesthetic practice" (2002) by francesco careri. underlined by ametonyo
lucas dit que le jour de la marche, il ne se sentait pas très bien, qu'il était un peu anxieux. il partage également que la marche lui a fait traverser ces moments d'enchantement que jessica a décrit.

jessica parle des écrits de luiz antonio simas et luiz rufino : “le contraire de la vie n'est pas la mort, mais le désenchantement”. elle se souvient aussi de la fois où fernanda torres, une importante comédienne brésilienne, a répondu - dans un entretien - à la question "de quoi avez-vous peur ?" :

"j'ai peur de perdre l'intérêt pour la vie !"
un paysage errant est un paysage qui marche
un paysage errant est un paysage qui marche
coucou je ! ça va ?
d'abord, quelle belle proposition de
marcher en 3 temps. merci beaucoup !
je suis content et touché ! vraiment !

je continue alors notre
correspondance-marche-fiction








ma correspondance est accompagnée par
un paysage sonore errant en deux parties.




avant de marcher, je t’invite
à écouter ce paysage sonore errant
avec de casque et, si possible, les yeux fermés.
c’est long, alors tu peux le écouter petit à
petit ou quelques extraits.
comme tu veux !


une carte pour se perdre
bonne marche !